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Le Rallye Papa Noël
17 août 2011

La presse française et l'accident. En janvier

La presse française et l'accident.

 

En janvier 2000, le journal L'Équipe couvre le rallye Paris Dakar à raison d'une page à une page et demi par étape, dans chaque numéro. Celui du 9 janvier 2000, qui relate la troisième étape, celle du 8 janvier, ne fait pas mention de l'accident dont a été victime la jeune Kama Bouné à Youri, au Mali. D'autres accidents sont rapportés, ils concernent exclusivement les participants, avec de nombreux détails: circonstances, blessures, soins, rapatriement, suites. L'accent est mis sur la solidarité entre les concurrents. Il en sera de même dans les autres numéros. Six jours plus tard, dans le numéro du 15 janvier, l'accident est évoqué par un maigre entrefilet. L'article est intégralement reproduit ci-après. Ni la victime, ni le responsable, ni les circonstances, ni les conditions de soin, d'assistance, d'aide post-accident ne sont détaillés.

Le journal Télérama publie dans son numéro du 23 février 2000, un dossier de plusieurs pages sur le rallye Paris Dakar signé Nicole du Roy, qui explique en détail cet accident avec une photo de Kama. Cet article est également reproduit ci-après.

 

Journal L'Équipe

 

En direct de Niamey.

« Aux petits soins. »

Niamey. Sous l'une des deux tentes médicales, un Touareg et sa femme viennent prendre quelques conseils. Quelques mètres plus loin, allongé sur un lit, un motard déshydraté reçoit une perfusion. Pour les concurrents et les populations locales, cet arrêt prolongé à Niamey est l'occasion de faire un petit bilan de santé auprès des vingt-six médecins du rallye.

Depuis le départ le 6 janvier à Dakar, 723 consultations ont été recensées. Les diagnostics le plus souvent établis sont la diarrhée, les rhumes ou les grippes et les états de déshydratation. Trente-six personnes ont été rapatriées sur Paris pour raisons médicales, dont un motard atteint d'un traumatisme crânien jugé grave. Mais aujourd'hui son état n'inspire plus d'inquiétude.

Les motards sont les victimes les plus nombreuses en raison des chutes mais aussi parfois d'un manque de préparation physique et des ravages de la déshydratation. « Il devraient boire 4 à 5 litres d'eau par jour, estime un médecin. Les champions comme Sainct ou Roma y prêtent beaucoup d'attention. En revanche certains privés oublient l'importance de ce geste ».

Une seule intervention chirurgicale a été pratiquée, une ablation de la rate pour sauver une petite Malienne renversée par un concurrent lors de la troisième étape entre Kayes et Bamako. Elle a été transportée à la clinique Farako de Bamako pour y trouver des conditions d'asepsie moins précaires que sur le bivouac. Après être restée plusieurs jours en observation, elle est sortie de la clinique avant-hier, tout danger ayant été écarté.

L'équipe médicale a également été impliquée dans l'opération « Reine de Sabha » puisqu'une vingtaine d'hommes, partis avec les premières rotations sont déjà sur le tarmac lybien avec leurs hélicoptères et leurs 4x4 d'interventions baptisés Tango. Au fil des jours le bivouac s'est coupé en deux de part et d'autre du pont aérien mais tout le monde reste aux petits soins.

S.T. 

 

Journal Télérama

 

VROUM VROUM

c'était le Dakar...

 

Mépris des populations, réduites au rôle de figurants ; indifférence pour les pays traversés, considérés comme de vulgaires décors et privés de retombées économiques... Cette année encore, la pétaradante caravane a oublié l'Afrique au bord de la piste. La poussière dissipée, nous sommes allés enquêter sur place.

Les chiens aboient, la caravane passe... " Ainsi Thierry Sabine, inventeur en 1979 du Paris-Dakar, répondait-il voilà quinze ans aux détracteurs, chaque année plus nombreux, du rallye (1). Voilà quinze ans, aussi, naissait " Pa'Dak' " (Paris-Dakar, Pas d'Accord), un collectif d'associations et de personnalités - on y trouve notamment Philippe Noiret, Albert Jacquard et Théodore Monod - opposées à cette course. Depuis sa création, le Dakar n'en finit pas de déchaîner les passions. Il s'agit, pour les uns, d'une aventure mythique, d'exploits sportifs extraordinaires, d'une rencontre unique avec l'Afrique ; pour les autres, d'une caravane publicitaire colonialiste, d'un grand show médiatique, d'une affaire de gros sous. Le Dakar a aussi ses blessés et ses morts. Les célèbres, toujours nommés : les participants. Et les anonymes : une quinzaine de spectateurs tués depuis les débuts de la course, les " civils ", ainsi qualifiés par les organisateurs, comme s'il s'agissait d'une guerre.

Kama Bouné, 11 ans, est la dernière victime du Dakar. Le 8 janvier, à Youri, au Mali, un petit village près de Nioro du Sahel, on fêtait la fin du ramadan. Tout le monde était dans la rue. Le rallye a surgi, on ne l'attendait pas : changement de parcours. Kama, heurtée par un motard, a eu la rate éclatée. Transportée à Bamako, à la clinique Farako, par TSO (Thierry Sabine Organisation, filiale d'Amaury Sport Organisation, propriétaire également du Tour de France), on lui a enlevé la rate. Aujourd'hui, recueillie chez ses tantes, dans un quartier populaire de Bamako, elle se remet doucement. Craintive, silencieuse, assise dans la cour, elle regarde jouer les gamins. " Elle est devenue moitié ", dit Awa, sa tante, expliquant que Kama ne parle quasiment plus. " Ici, elle peut manger des fruits, de la viande, elle peut se reposer. Mais quand elle rentrera chez elle ? Dans la brousse, là-bas, il n'y a rien... Et il faudra qu'elle travaille, qu'elle aille chercher le bois, l'eau, surveiller les chèvres... " L'assurance de TSO a réglé les frais d'hospitalisation, mais après ?

Jamais le rallye n'a soulevé autant de tempêtes que cette année. L'édition 2000, pourtant, était annoncée en fanfare : " A année exceptionnelle, parcours extraordinaire ! Pour la première fois, le Dakar traversera l'Afrique d'ouest en est, en passant par six pays différents. " On sait ce qu'il advint : informés d'une menace d'attaque terroriste - une colonne armée repérée dans le désert par les satellites américains - vite revendiquée par le GIA algérien, les organisateurs, sous la pression du Quai d'Orsay, ont annulé les étapes nigériennes. Le rallye a donc quitté Niamey, la capitale du Niger, le 12 janvier au soir, par les airs. Il a fallu quatre jours et dix-neuf rotations aux trois Antonov pour avaler la caravane de 1 600 personnes, dont 400 concurrents, près de 400 motos, autos, camions, et trimbaler tout ce monde jusqu'à Waw-el-Kebir, dans le sud de la Libye. Coût de l'opération : entre 25 et 30 millions de francs.

Tout ça pour quoi ? Qu'est-ce que le rallye rapporte à l'Afrique ? " Le rallye, c'est des consommateurs, affirme, à Bamako, Oualy Konté, président de la commission malienne d'organisation du rallye (qui dépend du ministère de l'Administration territoriale et de la Sécurité). Il y a plus de 1 500 personnes qui achètent des fruits, des objets... " Poussé dans ses retranchements, Oualy Konté est bien obligé de reconnaître que " oui, c'est infime ". Infime, parce qu'entre les villes étapes - deux seulement cette année au Mali, Kayes et Bamako - les concurrents foncent sur les pistes, sans un regard pour le pays qu'ils traversent. Et ils le traversent de plus en plus vite : l'épreuve à ses débuts durait trois semaines, elle n'en dure plus que deux. Maigre consolation, les taxes prélevées ici ou là. Le droit de passage sur le territoire malien s'élève à 5 000 francs CFA (50 francs) pour une moto, 15 000 francs CFA (150 francs) pour une voiture ou un camion. Environ 50 000francs pour les 400 véhicules...

Restent les sommes versées à l'Etat, selon un cahier des charges détaillé, pour l'installation des bivouacs sur les aéroports des villes étapes, pour assurer la sécurité le long du parcours, etc. " Je ne connais pas la somme exacte [pourtant calculée par ses services !], prétend Oualy Konté, mais elle est établie à partir de devis sincères. " " Pour le Mali, cela représentait cette année un budget de 400 000 francs ", précise Roger Kalmanovitz, responsable des relations extérieures de TSO, le " monsieur Afrique " de l'opération. A lui de négocier avec les pays parcourus les itinéraires et les affaires d'argent.

Les bivouacs, en tout cas, ne rapportent rien aux Africains. Les troupes sont nourries par un prestataire de services, Groine Restauration, qui dépêche, à chaque étape, sept camions et deux Antonov. D'où débarquent cuisine roulante, stocks de nourriture réfrigérée ou congelée, eau minérale, etc. Toutes marchandises achetées en France. Groine fournit ainsi, lors des dix-sept bivouacs, les quelque 1 500 petits déjeuners, autant de dîners, 800 déjeuners servis aux accompagnateurs, et les rations que les concurrents avalent durant la journée. Coût, selon Kalmanovitz : entre 6 et 8 millions de francs.

Quant au carburant, l'un des plus gros budgets de l'opération, il est fourni (sauf pour de rares écuries) par Total, sponsor du rallye, et retombe ainsi dans les poches de la compagnie pétrolière. Pour Jean-Pierre Amelio, directeur de Total-Mali, les reproches adressés au Dakar sont le fait " de deux ou trois loquedus (sic) d'ONG qui n'ont jamais mis les pieds en Afrique. Cela relève d'un tiers-mondisme de bon aloi ". L'homme ne fait pas dans la dentelle et assure " qu'en Ardèche, colonisée par les Hollandais, la bouffe vient de Hollande, c'est tintin pour l'économie locale ". Pas de remords à avoir, donc, si c'est tintin, aussi, pour les Africains ? " D'accord, le rallye coûte à l'Etat, convient Oualy Konté, mais l'Etat est là pour ça aussi. Qu'il gagne ou perde de l'argent, peu importe. Grâce au passage du rallye, le Mali participe à un événement mondial, c'est cela qui est important. " En outre, selon Oualy Konté, l'Etat dédommage les communes qui auraient eu à souffrir du passage des véhicules.

Le dimanche 9 janvier, le rallye quittait Bamako pour Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, une étape longue de 670 kilomètres ; quelques jours plus tard, nous sommes partis sur ses traces.

La piste qui rejoint Dioïla est ponctuée de petites collines blanches, mousseuses : les fleurs de coton tout juste cueillies, que les énormes camions orange de la CMDT (Compagnie malienne de développement textile) viennent peu à peu ramasser. Plus loin, à Farawoyo, une digue au ras de l'eau permet de franchir le Bani. Nous arrivons à Beleco à la sortie de la messe. Voilà aujourd'hui trois semaines que le Dakar a traversé le village. " Les premiers sont passés à 7 heures, les derniers à 14 heures, raconte le maire, Jean-Joseph Coulibaly. Ah ! ça, ils ont bien nettoyé la piste, dispersé la latérite, creusé les trous... La poussière volait dans tous les sens, jusqu'au soir on ne voyait plus rien, le village était dans un nuage rouge... " A quelques lieues de là, à Mena, le premier adjoint au maire, Kefa Mallé, n'en finit pas de rouspéter : " Vous avez vu le petit pont, à l'entrée du village ? Il est sur le point de s'écrouler. Qui va le réparer ? Nous n'avons pas d'argent, et le gouvernement n'a pas prévu de nous en donner. Le rallye, ça ne sert à rien, juste du bruit pendant des heures. On ne vend rien, puisque personne ne s'arrête. Ça n'amuse que les enfants. Les organisateurs devraient au moins nous donner des cahiers et des crayons pour l'école ! " Pas rancuniers, les villageois de Mena ont aidé l'un des motards qui avait crevé à découper sa roue. Pas le temps de réparer, le pilote préférait rouler sur sa jante espérant atteindre ainsi l'arrivée de l'étape : Bobo Dioulasso, au Burkina Faso. " Il a demandé si Bobo était loin, raconte Issa Traoré. On n'a pas voulu lui faire de peine, on a dit 40 ou 50 kilomètres ! " (Plus de 300... en vérité !) Jusqu'à Sikasso, dernière bourgade avant le Burkina, la rengaine sera la même : beaucoup de bruit pour rien.

Quelques jours après, nous voilà en route vers le Niger, afin de tenter d'y mesurer les conséquences de l'annulation du rallye. Au passage, arrêt à Mopti, une ville effervescente, lovée dans une boucle du fleuve Niger. Baba " Peace Corp ", ainsi nommé parce qu'il a naguère travaillé pour cette association américaine, est un homme heureux et sans aucun doute le commerçant le plus connu de Mopti. Située au coeur de la ville, la maison de Baba est un capharnaüm, une caverne aux trésors : bijoux, masques, statuettes, tissus, que l'on vient de loin admirer et acheter. Les affaires marchent. A tel point que Baba vient d'ouvrir une deuxième boutique, sur la grand route de Sévaré, à quelques kilomètres à peine de Mopti. Serait-ce l'effet Dakar ? L'an dernier, en effet, le rallye a fait étape sur le petit aéroport de Sévaré. " Même si les gens n'achètent pas beaucoup, nous on aime ça ! lance Baba, ça fait de l'animation. Mais ce sont les touristes qui viennent à la boutique, pas les gens du rallye, ils sont trop pressés ! Avec les touristes, il faut du temps : expliquer, discuter... Ceux du Dakar, on va les voir au bivouac. Quand ils veulent quelque chose, ils l'achètent tout suite. On fait aussi du troc : un bijou, un objet contre des tee-shirts, des casquettes publicitaires, des briquets... "

Mais Baba jure ses grands dieux qu'il ne pratique pas le " prix rallye ", c'est-à-dire le double ou le triple du prix initial. Ali Samaserou, patron d'un petit garage à Mopti, est aussi responsable de l'organisation des stands d'artisans (ils paient pour cela une taxe à la Ville) qui viennent au bivouac. " On n'a pas le droit d'entrer, c'est bouclé et sévèrement gardé par la police. Alors on s'installe autour, avec les marchandises. " Pour Ali, le Dakar, c'est surtout l'espoir d'une réparation, d'une pièce à souder, et, avec un peu de chance, d'un ou deux pneus à récupérer...

A 600 kilomètres de Mopti, Gao la mythique surgit derrière les dunes roses. Pendant des années, la ville des Touareg a été l'une des étapes obligées du rallye. Baba Haïdara, le patron de l'Atlantide, un hôtel décrépi et sinistre dont on devine pourtant, çà et là, la splendeur passée, se souvient des débuts de la course. Du temps où l'on avait le temps... Du temps, où, ici, on servait 300 à 400 repas par jour. Du temps où l'on faisait commerce de pièces détachées prélevées sur les véhicules abandonnés. Puis il y a eu la rébellion touareg, de 1991 à 1995, et le rallye a délaissé Gao. Le calme est revenu, le rallye aussi. Deux fois, en 1997 et 1998. Mais il est passé vite, trop vite. La caravane a bivouaqué sur l'aéroport et a repris la piste. " On attend toujours la taxe de traversée promise, se plaint Amadou Diara, l'adjoint au maire. En 1998, on a mis trois semaines pour nettoyer l'aéroport... " Car lorsque le rallye quitte un bivouac, les ordures sont emballées dans des sacs-poubelle. Que, partout, les gamins éventrent pour se disputer les restes de nourriture. Aujourd'hui, Gao, laissée pour compte, est retombée dans l'oubli...

A Niamey, seule étape nigérienne pour cause de déroute vers la Lybie, Rhissa Ag Boula, le très médiatique ministre du Tourisme, l'un des leaders de la rébellion touareg de 1992 à 1995, ne décolère pas. " Plus de 100 médias couvrent le rallye, grâce à cela des dizaines de télévision diffusent en même temps des images du Niger. C'est ça qui nous intéresse, ces images donnent envie aux touristes de venir chez nous. Cette année, le parcours le plus difficile était ici, entre Zinder et Agadez. Il aurait redonné de l'éclat à l'épreuve, qui s'essouffle depuis plusieurs années... "

Entre Rhissa Ag Boula et le Dakar, c'est une longue histoire. Une histoire d'amitié entre les Touareg d'Agadez et Thierry Sabine. " On était fiers de partager le désert avec ces amoureux d'espace et de vitesse... Aujourd'hui, ce n'est plus la même chose. Il y a toujours des amateurs passionnés, mais il n'y a plus de chaleur humaine. Le Dakar, comme le Tour de France, c'est une mafia, une affaire de gros sous. En plus, ils sont allés atterrir en Libye. La Libye serait donc plus fréquentable que nous ? Je les connais, les Libyens, c'est en Libye que nous, jeunes combattants touareg, nous avons été formés, c'est la Libye qui nous a armés ! Bien sûr, ajoute le ministre, il y a aussi l'impact économique. 120 lits d'hôtels annulés, des repas, les méchouis prévus à Agadez, où il y avait une journée de repos. Les artisans ont fabriqué beaucoup d'objets dans l'espoir de les vendre... Mais ce n'est pas grand-chose, après tout, si l'on compare à l'effet catastrophique que l'annulation a eu sur l'image du Niger. "

Une annulation dont on ne sait toujours pas si elle était justifiée ou non. Pour Moussa Kaka, journaliste à RFI, qui a mené une minutieuse enquête, il n'y a pas de doute, il s'agit d'une erreur. Depuis quatre ans, en effet, le cheikh koweïtien Fahad El Houmaïdi, beau-frère de l'émir du Koweït, vient chasser au Tamesna, dans le nord du Niger. " C'est une véritable armada, raconte le journaliste. Des dizaines de 4 x 4, des camions, une suite de 200 personnes, à chaque fois que le cheikh campe, c'est un village qui surgit du désert. Le cheikh prétend chasser au faucon, en fait, avec ses lieutenants, quatorze exactement, ils tirent les outardes au fusil, un vrai massacre. On a fait au GIA une publicité gratuite, au détriment du Niger. "

Pour Maurice Freund, patron du Point Afrique, une coopérative de voyageurs dont le but est d'assurer un maximum de retombées économiques aux populations locales, l'affaire est grave. Et bizarre. " Le 22 janvier, dix jours après l'annulation du Dakar, j'étais à Agadez. L'ambassadrice des Etats-Unis à Niamey, accompagnée de fonctionnaires américains, faisait un circuit dans le Ténéré. J'ai peine à croire que l'insécurité était réelle. Je crois plutôt à de l'intox. " A l'étape d'Agadez, VSO (Voyages Sport Organisation, une autre filiale d'Amaury Sport Organisation), avait prévu d'acheminer 800 personnes, supporters payants et hôtes de marque, invités de l'organisation. Tout est tombé à l'eau. " Nous avons dédommagé les hôtels et les restaurants, dit Roger Kalmanovitz. Mais c'est vrai, le préjudice causé à l'image du Niger est difficilement quantifiable. " Rhissa Ag Boula, lui, l'a déjà chiffré. " Le rallye sera le bienvenu l'an prochain, à une condition : qu'il nous verse le double de ce que lui a coûté le pont aérien, 60 millions de francs. "

Et si, l'an prochain, il n'y avait plus de rallye du tout ? -

 

(1) Dans Le Monde du 1er janvier 1985. Le 14 janvier 1986, Thierry Sabine se tue dans un accident d'hélicoptère, avec quatre autres personnes, dont le chanteur Daniel Balavoine.

 


Pas Dakar, les Français

64 % des Français ne s'intéressent pas au Dakar, 55 % pensent qu'il s'agit d'abord d'une affaire commerciale, 55 %, encore, qu'il ne permet pas de découvrir l'Afrique. Les résultats du sondage de l'Ifop réalisé les 20 et 21 janvier derniers pour Stade 2 et Le Journal du dimanche (1) prouvent l'indifférence des téléspectateurs pour une course dont ils doutent qu'elle soit encore une épreuve sportive, et à laquelle ils reprochent d'être un vaste gaspillage, insultant pour les pays pauvres qu'elle traverse. " Faut-il être aveugle pour ne pas voir l'énormité de la provocation que représente ce rallye ! Sait-on que son budget est certainement supérieur au budget annuel de la Santé du Mali ? " s'indigne dans Le Monde du 19 janvier Jean-Marie Fardeau, secrétaire du CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement).

France 2, pourtant, persiste et signe. Partenaire du Dakar, puisque télédiffuseur, la chaîne doit, comme toutes les télévisions qui couvrent l'événement, acheter ses images à Sierra Production, une filiale d'Amaury Sport Organisation, propriétaire du rallye. A quel prix ? Au nom de la " confidentialité des contrats ", Patrick Chêne, directeur des sports de France Télévision, refuse de le dire. Tout juste saurons-nous que Stade 2 envoie son matériel et une trentaine de personnes sur place. Coût de l'opération l'an dernier : 4 millions et demi de francs. Les journalistes dépendent donc de Sierra Production pour leurs images, de la logistique TSO (Thierry Sabine Organisation) pour leurs déplacements. Quelle indépendance leur reste-t-il alors ?

 

(1) Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1 004 personnes représentatifs de la population de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.

 

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Le Rallye Papa Noël
  • Pièce de théâtre tout public. Création franco-malienne d'après l'oeuvre de Michel Gendarme. Mise en scène par Juliette Lasserre-Mistaudy, de Siphonart, produit par Acrocs Productions, coproduction compagnie Rouletabille et Acte Sept
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